jeudi 9 septembre 2010

LOCAVORE

Locavore

Des bleuets de la Californie, des pommes de la Nouvelle-Zélande, des poissons du bout du monde... Nos aliments en font du millage avant d’atterrir dans notre assiette ! Un trajet moyen de 2500 km ! Bien sûr, importer notre alimentation d’aussi loin a un impact environnemental important, ne serait-ce que la quantité de gaz à effet de serre générés durant le transport de toutes ces denrées. C’est pour lutter contre cette mondialisation du panier d’épicerie qu’un mouvement a été lancé, il y a quelques années aux États-Unis, les LOCAVORES.
Manger local « extrême » 
Lancé en 2005 par un groupe de citoyens de San Francisco, le terme « locavore » a d’abord été associé à un « défi » lancé à la population locale : essayer, pendant un mois (août), de consommer uniquement des aliments cultivés ou produits dans un rayon de 100 milles (160 kilomètres).
Le mouvement a connu un succès instantané. Même que le New Oxford American Dictionary a sacré « locavore » mot de l’année en 2007. Il s’est par la suite étendu à d’autres villes dans le monde.
Aujourd’hui, la philosophie locavore encourage plus globalement les consommateurs à acheter les aliments les plus « locaux » possible.
« Le phénomène du locavore est un phénomène contemporain intéressant, dit le journaliste au Devoir Fabien Deglise. Il est alimenté par les préoccupations environnementales des consommateurs qui recherchent une plus grande humanisation de leur alimentation; on veut savoir d'où vient la nourriture et qui est responsable de sa production. L'achat local a aussi un impact positif intéressant sur l'économie puisqu'il augmente les retombées dans les marchés proches. »
Être locavore au Québec, c’est possible ?
Si, dans la région de San Francisco, il est possible de manger « localement » comme un roi à l’année longue, ce n’est pas la même réalité au Québec où notre climat nordique rend l’agriculture impossible durant les longs mois d’hiver.
« On peut manger local, mais pendant une courte période de l’année, soit à la saison des récoltes, explique Fabien Deglise. À cause de notre climat, nous sommes tributaires des pays chauds pour notre approvisionnement en fruits et légumes pendant une grande partie de l'année. Et puis il y a tous ces ingrédients (sucre, café, cacao) dont nous ne pouvons plus nous passer. Bref, pour respecter une alimentation riche et diversifiée, le manger local est bien sûr une belle philosophie... mais seulement trois ou quatre mois par année. »
S’ajoutant au problème du climat, il y a aussi celui de l’industrie alimentaire. « Il est aberrant de croiser des tomates du Mexique chez Provigo, à la fin août, lorsque les tomates de champs du Québec sont à leur meilleur, dit Fabien Deglise. Même chose pour les viandes, dont l'approvisionnement local est pourtant possible toute l'année. Le consommateur pourrait faire des achats éclairés en la matière, mais à condition d'avoir des étiquettes annonçant l'origine des produits. Ce qui n'est malheureusement pas toujours le cas. Les consommateurs devraient exiger de leur supermarché qu’il s’approvisionne en fruits et légumes du Québec pendant la saison des récoltes. »
Que faire s’il est impossible de manger 100% local ? Le site http://www.locavores.com suggère un « Code de Conduite » amusant. En épicerie, on procède par élimination :
- Si ce n’est pas local, alors on choisit biologique.
- Si ce n’est pas biologique, alors produit par un petit producteur. (ex. : Fromagerie Boivin plutôt que Kraft)
- Si ce n’est pas par un petit producteur, alors vendu chez un petit détaillant (ex. : une petite boutique de café du coin plutôt qu’un Starbucks, au moins, l’argent reste le plus possible dans la communauté.)
- Si ce n’est pas acheté dans une entreprise locale, alors du terroir. (Ex. : du fromage Brie fait à Brie, en France).
Le test « locavore » de La vie en vert
Afin de tester l’applicabilité de la philosophie locavore au Québec, La vie en vert a demandé à Hélène Meunier et à son fils Clovis Henrard de faire une épicerie 100% locale. Le duo en est vite venu à la conclusion qu’il était pratiquement impossible d’être locavore sans drastiquement changer sa liste d’épicerie en fonction de critères « locaux ».
Aussi, Hélène a remplacé certains fruits et légumes qu’elle achète régulièrement (les bananes, par exemple) par des produits cultivés au Québec (les pommes). Et au lieu de viande hachée dont l’origine n’est pas mentionnée sur le paquet, elle a acheté du veau du Québec. Elle a aussi laissé tomber les crevettes. Dans certains cas, Hélène a pris des produits qui n’étaient pas locaux, mais biologiques ou produits par de petits producteurs.
En élargissant leurs critères de sélection, Hélène et Clovis ont pu faire une épicerie digne de ce nom... Mais à quel prix !
Pour une épicerie plus locale et/ou biologique, Hélène a dû débourser 164,88$ alors qu’un panier d’épicerie « ordinaire » équivalent, mais qui ne se soumet à aucun critère local, coûte un peu plus de 105,58$. Une différence de près de 60$.
Sans manger 100% local, il est cependant possible de garnir plus généreusement notre panier d’épicerie de produits du Québec. Surveillez d’abord les étiquettes d’Aliments du Québec qui certifie que 80% des ingrédients viennent du Québec. Les épiceries Métro et IGA ont aussi lancé un programme de promotion des produits d’ici. Des étiquettes « Servons le Québec » chez Métro et des affichettes bleues chez IGA.

SOS Cuisine consacre toute une section de son site Internet à l’alimentation locale. Vous y trouverez la liste des produits locaux disponibles en épiceries chaque semaine ainsi que des recettes. En vous abonnant gratuitement, vous pourrez même recevoir votre menu hebdomadaire « Manger local ».